Qu’est-ce que le syndrome de Dent ?

Il s’agit d’une maladie rare, affectant essentiellement les hommes et transmise par les femmes, qui provoque une atteinte rénale.
L’atteinte se situe dans le tubule rénal dans une portion chargée de dégrader les protéines, de retenir le phosphate, le sucre et une partie du bicarbonate, du sel et du potassium qui passent dans les urines. Il en résulte une protéinurie (constante), et parfois une diminution du taux sanguin de bicarbonate (acidose), de phosphate, de potassium et une déshydratation. Il s’associe à une augmentation de l’élimination urinaire de calcium (hypercalciurie) qui peut entrainer une calcification des reins (néphrocalcinose).

Avec l’âge apparaît généralement une insuffisance rénale. La carence en phosphate peut avoir un retentissement osseux. La maladie de Dent a été décrite sous d’autres noms, ce qui reflète sa variabilité de présentation (néphrolithiase liée à l’X avec insuffisance rénale, rachitisme hypo-phosphatémique avec hypercalciurie lié à l’X, protéinurie tubulaire idiopathique).

A quelle fréquence trouve-t-on le syndrome de Dent dans la population ?

Le syndrome de Dent est une maladie rare, dont la fréquence n’a pas été clairement établie. En fonction de nombre des cas décrits dans la littérature (aux alentours de 500), la fréquence estimé est inférieure à 1 pour 1 million.

Quelles sont les causes et les moyens de transmission du syndrome de Dent ?

Il existe 2 formes de la maladie de Dent en fonction de l’anomalie dans les gènes portant l’information pour deux protéines importantes pour les fonctions des cellules du tube proximal : le Dent-1 implique le canal chlorure ClC5 et le Dent-2 la phosphatase (enzyme) OCRL1. Ces deux gènes sont localisés sur le chromosome X, la maladie suit une mode de transmission récessive lié à l’X : sujets de sexe masculin malades, femmes porteuses hétérozygotes non malades ou avec des manifestations très modérées (augmentation modérée de la protéinurie de bas poids moléculaire dans les urines, hypercalciurie) et qui ont une probabilité à 50% de transmettre la maladie à leur fils.

Quels sont les symptômes du syndrome de Dent ?

Les deux traits constants de la maladie sont la protéinurie tubulaire et l’hypercalciurie. La 1ère est asymptomatique et sa découverte est fortuite. En revanche, la 2ème peut être responsable de douleurs abdominales dues à des crises de colique néphrétique ou à une néphrocalcinose.

Certains patients peuvent présenter d’autres atteintes de la fonction des cellules proximales comme une perte dans les urines de glucose (glycosurie), de phosphate (hypophosphatémie avec rachitisme) d’acide urique (hypouricémie) d’acides aminés (aminoacidurie) voir une atteinte globale des fonctions du tube proximal définissant le syndrome de Fanconi ; Ce dernier se manifeste cliniquement par un retard de croissance, une polyurie et un rachitisme.

Dans le Dent de type 2 (également appelé syndrome de Lowe ou syndrome oculo-cérébro-rénal), les manifestations extra rénales sont souvent au premier plan et associent une cataracte congénitale, une hypotonie, une déficience intellectuelle.

Quels examens doit-on passer pour le diagnostic ?

Bilan sanguin et urinaire incluant évaluation de la fonction rénale (créatinine), électrolytes (sodium, potassium, calcium, phosphate, bicarbonate), excrétion urinaire de calcium et de protéines de bas poids moléculaire et albuminurie, taux de 25-OH-vitamine D ; Réalisation d’une échographie rénale ou d’un scanner sans injection des voies urinaires.

Comment évolue le syndrome de Dent ?

Entre 40 et 60% des cas évoluent vers l’insuffisance rénale terminale entre les 3èmes et 4èmes décennies.

Quelles situations de handicaps peuvent découler de la maladie ?

  • Retard de croissance et déformations osseuses.
  • Maladie rénale chronique nécessitant une thérapie de remplacement et transplantation rénale.
  • Pour le syndrome de love : trouble de la vision, retard mental.

Quels sont les traitements à suivre ?

Il n’existe pas un traitement spécifique. S’il existe un syndrome de Fanconi, il faut un supplément des solutés perdus dans les urines (NaCl, bicarbonate, phosphore, etc).

Les apports sodés doivent être restreints. Les diurétiques thiazidiques, pour le traitement de l’hypercalciurie, sont à utiliser avec précaution car ils peuvent induire une hypovolémie.

L’apport de citrate de potassium est utilisé pour ralentir la néphrocalcinose.

L’apport de vitamine D Doit viser à avoir une 25OHVitamine D dans les valeurs basses des concentrations recommandées.

Il convient d’adopter des mesures conservatoires des abords vasculaires et de maintenir les vaccinations à jour. Les médicaments toxiques pour les reins sont à éviter. En cas de maladie rénale chronique un traitement peut être indiqué pour protéger les reins et ralentir la dégradation de la fonction rénale.

En cas de transplantation, la maladie ne récidive pas sur le rein transplanté. Il est préférable que les mères (qui ont une atteinte partielle) ne donnent pas leur rein, dans leur intérêt et celui de leur enfant.

Informations complémentaires

Rédaction : Dr Rosa VARGAS POUSSOU et Dr Anne BLANCHARD, Paris – Hôpital Européen Georges Pompidou (MAJ 2024)

 

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